La Citrouille de Proust

Beaucoup, beaucoup de choses se bousculent ces derniers temps.

Qu’il est étrange d’apprendre à vivre autrement qu’en ne faisant que travailler !

Je m’initie aux plaisirs de journées intellectuellement non-transcendantes mais que les beaux jours rendent agréables ; je découvre le monde parallèle des boutiques à la pause déjeuner et des supermarchés ouverts en sortant du travail ; la réponse « je peux pas, je suis au Cab » à tout type de proposition n’est plus systématique ; je déambule, parfois sans but, dans les rues de Paris ; je n’ai plus aucune raison de résister aux terrasses animées qui m’ont toujours fait de l’œil et je m’abandonne tous les matins aux plaisirs solitaires d’une balade le long des quais.

Ca fait tout bizarre, bizarre.

Le plus étrange est de constater qu’en ce mois d’avril 2015, pour la première fois depuis quelques mois, je suis face à un étrange constat : mon cœur cicatrise.

Le matin, je souris, la journée je ris, les souvenirs des spectres de mon passé ne sont plus aussi douloureux qu’il y a quelques semaines.

Enfin, je dis bien cicatrise.

Car il ne faut pas grand-chose pour éveiller les spectres.

Lire la suite »

Un rayon de bonheur signé Dalloz (ou Lexis)

Le bonheur est dans les airs !

Dans le ciel plutôt.

Ce petit quelque chose qui fait danser le matin, s’habiller en dansant. Qui caresse le visage à l’arrêt de bus, fait briller l’Hôtel des Invalides, magnifie la Seine et réchauffe le cœur.

Autant de moments volés jusqu’à l’ouverture de l’étrange parenthèse :

(Collab-Patrick-Tourdechaise-Coupdanslemur-Impératrice-Tourdechaise-Coupdanslemur).

Lorsqu’enfin elle se referme, la parenthèse a emporté mes journées.

Au mieux, j’ai encore le temps d’aller profiter d’un dernier rayon de bonheur autour d’un verre de vin, au pire, juste le temps de rentrer dormir.

Mais n’en a-t-il pas toujours été ainsi ?

En fait le soleil d’avril, c’est un peu la tentation ultime.

L’intouchable.

L’amant qui frappe à ta fenêtre et dont l’éclat te rappelle les journées passées à transpirer de son étreinte au bord de la plage.

L’amour de vacances.

Celui dans les bras duquel tu ne peux t’abandonner dans le contexte de ta vie parisienne, ça n’aurait aucun sens, « ce n’est plus les vacances ».

C’est le deuxième mois d’avril que je vis depuis que je suis dans la vie active.

D’une certaine manière, aussi pénible que soit le contenu de la parenthèse, j’ai l’impression que mon sort aujourd’hui est à préférer à celui de mes avril précédents.

La Période de Révision.

Lire la suite »

Le Jeu

« – Moi je fais Prue, toi tu fais Piper et l’une de vous fait Phoebe !

– Moi je fais Phoebe !

– Alors moi je fais qui ?

– Tu fais le corps astral !

– Okkkk ».

C’est marrant comme la seule vision de ces restes de poster me ramène à cette époque. Ce qui est surtout marrant, c’est comme cette époque semble si proche.

Samedi après-midi, j’ai rejoins le domicile familial pour quelques heures. Juste le temps de laisser ma mère me resservir en m’expliquant que je travaille trop et que je ne mange pas assez (nonobstant le fait que je lui explique que mes problèmes sont exactement inverses) et de regarder mes petites cousines se battre pour l’usufruit d’une Barbie sans tête.

J’ai besoin de souffler. Du coup, j’ai poussé la porte du placard. Je ne sais plus à quand remonte la construction de cette cachette. Je suis certaine qu’elle est antérieure à Harry Potter mais je me soupçonne d’en avoir tiré l’idée d’un livre. Peut-être un « j’aime lire ».

C’est bizarre un enfant. Même avec une maison, une chambre dans la maison, ça ressent le besoin de se faire une cabane dans le placard de sa chambre à la maison. Trois fois rien suffisent. Un poster et un tabouret, le tour est joué. C’est bête un enfant, dit-elle depuis le Placard.

Alors que j’observe les soeurs Halliwell vêtues de pulls à col roulé mais ne couvrant pas le nombril, je me souviens. Du jeu.

« On joue à quoi ? »

Point de départ de tant de rires, de bobos, de ragots, de souvenirs. On arrêtait le temps en levant le pouce le temps d’aller siffler un candy up et d’échanger un BN contre un Petit Prince et c’était reparti. On troquait des billes contre des calots ou des boulards, on se lançait des ballons à la gueule, on sautait par dessus des cordes et on était contents.

Quand on a « grandi », on jouait moins avec les garçons, mais entre nous, c’était l’époque bénite où on reproduisait les scènes de bagarre de Buffy ou de Charmed.

On était presque sures d’avoir des super pouvoirs.

Et aujourd’hui ?

Mes amisLire la suite »

Mes Maux Clefs

« – Alors, ton anniv ?

– Je te raconte plus tard, je suis en rush au Cab.

– Ah cool ! Du coup ça se passe mieux au Cab ?

– Je te raconterai.

– Envoie moi au moins des mots clefs ! Je veux une mise à jour. »

1. #25

Drôle de sentiment.

À mi-chemin entre « jusqu’ici tout va bien » et « il me reste 5 ans pour m’épanouir, trouver l’homme de ma vie (HDMV pour les intimes) et avoir pondu. Easy. »

Du coup j’ai fêté ça. Parce qu’en terme de gestion d’angoisse, y’a pas mieux qu’un verre avec 50 Potes.

Bilan : j’avais oublié comme j’aimais préparer à manger pour les Potes, j’ai été émue en regardant WingMan et la Fée gonfler des ballons pour décorer l’Appart, j’étais ivre de rires et de vin, j’ai dansé sur Beyoncé, et même sur Kendji.

J’ai renoué avec la vie.

2. Ils ont viré Collab

Lire la suite »

Ah si j’étais un homme…

Février, il y a eu le Roi (vite) Déchu.

Lui qui aura permis – et pour cela remercions le – de mettre presque entièrement derrière moi le souvenir de CeluiDontOnNeDoitPasPrononcerLeNom qui faisait jusque là couler bien des larmes…

Le problème du mois de mars, qui devrait être celui de nos Vénus, c’est qu’il n’y a rien.

Du tout.

D’une part, mes interactions avec la gente masculine se résument à devoir esquiver le regard benêt de Collab dans l’ascenceur et à faire un saut de mouton devant l’entrebâillure de la porte de Patrick et d’autre part (NDLR: oui, le concept de l’organisation d’idées en deux parties deux sous-parties est le reflet d’une lourde déformation professionnelle), mes probabilités de rencontres sont calculées sur les chances que l’un des regards croisés dans le bus du matin soit LE regard ou que le chauffeur de taxi du soir soit Ryan Gosling.

Soupir. Tour de chaise.

Je croise le regard du Fumeur, ce petit avocat dont le bureau est situé un étage au dessus du mien et qui passe ses journées à fumer à son balcon en prenant des airs de Chagall en quête d’inspiration.

Je le regarde et je ne peux m’empêcher d’imaginer.

Et si tout était différent?

Et si j’étais un homme? 

1. Beyonce StyleLire la suite »

2 S sur un ring

Je vaux la peine pour ce que je suis.

C’est décidé, je reprends ma vie en main.

Terminé les jérémiades sur la lenteur de Collab et les réflexions sur les Pastèques pourries. Cette semaine, c’est dit, je me re-sai-sis.

Etape 1 : Faire les Courses

Déjà 9 mois dans mon appartement et je n’ai jamais acheté plus d’un sachet de café et un paquet de céréales à la fois. C’est parti, un esprit sain, dans un corps sain ! Des oranges pour les vitamines, des oeufs pour les protéines.

Je suis sur la bonne voie.

Etape 2 : Let’s Go on a Date

Voilà deux mois que La Mèche me courtise.

Avant, je travaillais avec La Mèche, et depuis mon départ, il propose un verre quasiment tous les jours. Alors, un verre en tout bien tout honneur ça se fait non?

Etape 3 : Prendre sur Soi

Au diable Patrick ! Qu’importe ses élucubrations lubriques sur la profession ! Je me recentre ! Objectif : travailler, et travailler bien.

***

Je vous jure, j’ai essayé.

***

Mardi, 22hLire la suite »

Dis moi Patrick…

Depuis 10 jours, ça devient dur.

Avec Costa, on ne sait plus quoi faire pour éviter la fonte de nos cerveaux.

J’ai l’impression que cette menace est imminente.

Passer d’un rythme 8h30-3h30 de juillet à décembre plongée dans un bain d’adrénaline, en permanence stimulée intellectuellement à l’inanité d’un cab sans âme et sans dossier, à attendre que quelqu’un daigne frapper à la porte du carton qui nous fait office de bureau pour nous gratifier d’une tâche froide (sans aucune intention de nous impliquer ni de nous former), est aussi rude que si j’avais été téléportée nue au milieu de l’Arctique alors que j’étais en train de creuser un trou sans fond au milieu d’un désert oriental.

Du coup, avec Costa, on s’anime comme on peut.

Et c’est pas glorieux.

« On écrit un rap? » « Viens, on fait un lipdub! » « Tu penses qu’il y a plus de morts ou de vivants sur terre? » « Je vais faire un tour d’étage. » « Je vais faire un autre tour d’étage. » « On mange quoi? » « T’as lu les critiques de 50 shades? » « On mange quand? » « Regarde la vidéo de Gui-Home, c’est exactement ça! » « J’ai encore faim. » « Petite sieste? »

Restez calme. Ne pas craquer. Ne pas devenir comme Patrick.

Patrick, c’est le p’tit nouveau. La jeune recrue.

Lire la suite »

La théorie de la Pastèque

Le téléphone sonne. Encore.

Il n’est pas encore midi et pourtant Collab m’a déjà appelé sept fois.

« – T’as pu avancer sur la recherche?

– Pas beaucoup plus qu’il y a trois minutes…

– Ok bah quand t’as fini préviens moi. »

Je ne comprendrai jamais la manière de travailler de Collab. Désorganisé, distrait, il est à l’opposé de tous les archétypes de collabs des gros cabs. Ca pourrait le rendre attachant, s’il n’était pas odieux.

« T’as trouvé? »

Collab a débarqué dans mon bureau. Apparemment, il doit penser que m’empêcher de chercher me fera trouver plus vite.

Il se rapproche de mon ordinateur, et tel un bon Collab, il scrute tous les papiers qui se trouvent sur mon bureau. A la recherche de la parfaite vanne.

Et il l’a trouvé.

Une malheureuse feuille de route de dossier, un tableau excel avec pour intitulé « Feuille de closing »

« Alors… T’aimes ça les closings pas vrai…? »

Je lève les yeux vers lui. Depuis ma position assise, moi, pauvre petite femme, bébé mais pas avocat, je me demande comment lui, le grand, le tout-puissant, le diplômé, se permet de me regarder de si haut alors qu’il n’aurait pas pu tomber plus bas.

Lire la suite »

Entretien avec la VAM

Dans le hall, j’essaye de comprendre ce que je fais là.

Ca a commencé jeudi dernier. Texto.
JJ : « Tu sais ce que tu fais en septembre? Si non, appelle moi. ».
Septembre. Le fameux mois + 6, +7 même. Mais bon, c’est JJ et si JJ me dit de l’appeler, c’est qu’il faut que je l’appelle.
« – Ca va?
– Oui et toi? Ton nouveau stage? »
– Ca va. »

Sourire pincé, pas la force de lui dire que c’est pas vrai. Je me retrouve projetée il y a trois ans, à l’époque où je bossais pour JJ, où on défendait des hommes – des vrais, pas des sociétés côtées – et où on faisait des pauses pépitos en regardant des vidéos de François l’Embrouille. Mais ça, c’était avant.

« Et alors, pour septembre? Tu sais où tu vas aller? ».

Et voilà, ça recommence.
Dans six mois, je serai peut-être morte 180 fois, j’aurais certainement pas vu le monde et même très peu le soleil, j’aurais franchi le quart de siècle et probablement pas rencontré le père de mes enfants {NDLR : mais ça, on en parle pas}.

Lire la suite »